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Journal du Net

– le 10 juin 2022

L’apprentissage de la responsabilisation est un processus long et progressif. Il est cependant essentiel parce que la responsabilisation fait partie des compétences les plus attendues chez un individu.

Pour accompagner leurs enfants dans cet apprentissage, les parents peuvent mettre en œuvre des outils adaptés, présentés dans cet article.

La responsabilisation fait partie des compétences les plus attendues chez un individu. Dès l’école, les enfants font l’apprentissage du travail autonome et responsable, en respectant les dates des devoirs, en priorisant et en anticipant leurs travaux et en s’organisant progressivement seuls. Lorsqu’ils arrivent à l’université, il est attendu d’eux qu’ils maitrisent parfaitement ces compétences, sous peine de se trouver en grande difficulté, voire en situation d’échec. Enfin, dans la vie professionnelle, la responsabilisation est primordiale. Elle est citée comme une des compétences les plus demandées par les employeurs : 93% d’entre eux l’estiment indispensable chez un collaborateur(1).

Or, l’apprentissage de la responsabilisation est un processus long et progressif. Il peut cependant être accompagné, notamment par les parents, en utilisant des outils adaptés. Responsabiliser quelqu’un consiste à définir un cadre établi au sein duquel l’individu sera libre de choisir les moyens mis en œuvre pour réaliser sa mission. La notion de responsabilisation comporte donc trois éléments complémentaires :

  • Un périmètre défini à l’intérieur duquel s’exerce la responsabilité.
  • Un objectif à atteindre.
  • Une liberté d’action et d’organisation.

Des outils adaptés, intégrant ces trois éléments, peuvent être utilisés par les parents pour responsabiliser progressivement leurs enfants. Dès 5 ans, ces derniers peuvent en effet commencer à prendre en charge un périmètre de responsabilité identifié. À partir de 7 ans, ils sont en mesure de participer à la définition même de leur périmètre de responsabilité, en plus de la réalisation de leurs missions.

Responsabiliser son enfant dès 5 ans

Dès 5 ans, l’enfant peut prendre en charge un périmètre de responsabilité propre. Il peut par exemple, être responsable de la table basse du salon. Il devra alors veiller à ce qu’elle soit tenue propre et bien rangée. Il peut également être responsable du courrier si la boîte aux lettres lui est accessible. Il vaut mieux qu’il ne dépende pas de quelqu’un d’autre pour réaliser les tâches qui lui incombent. L’enfant est autonome dans la réalisation de ses responsabilités. C’est à lui de déterminer quand et comment il s’organise pour mener à bien sa mission. En revanche, la définition du périmètre de responsabilité est encore à la main de l’adulte.

Nous retrouvons ici les trois éléments nécessaires à la responsabilisation : un périmètre défini (la table basse), une mission à réaliser (que cette dernière soit rangée et propre) et une liberté d’action puisque l’enfant choisit lui-même comment il souhaite procéder.

Dans cette responsabilisation, la posture de l’adulte est celle d’un accompagnateur. Ce dernier va montrer à l’enfant le périmètre de responsabilité, lui présenter la mission à accomplir et enfin expliciter le principe de responsabilisation, notamment le fait que l’enfant est libre de s’organiser comme il le souhaite. L’adulte ne surveille pas en permanence la bonne réalisation de la tâche donnée à l’enfant. Il ne lui fera pas de remarque dès que la table basse ne sera pas impeccablement rangée ou nettoyée. En revanche, il prendra le temps de discuter avec lui et de lui rappeler ses responsabilités et leurs implications si cela se reproduit trop souvent.

Intégrer son enfant à l’organisation de la maison dès 7 ans

À partir de 7 ans, l’enfant peut progressivement être intégré à la définition des règles et des modes d’organisation du foyer. Alors qu’à 5 ans, il assumait des responsabilités qui lui étaient encore données par l’adulte, il est maintenant en mesure de participer à la définition des périmètres qu’il va prendre en charge. Pour ce faire, un outil simple peut être mis en place : la répartition des tâches.

La répartition des tâches consiste à réunir tous les membres de la famille afin de discuter collectivement des tâches à accomplir et de leur répartition. Il s’agit d’un moment privilégié, où l’on prend le temps de s’assoir autour d’une table pour organiser ensemble la vie familiale.
Les tâches à accomplir sont listées (vider le lave-vaisselle, mettre la table, sortir la poubelle…), de même que les contraintes qui y sont associées et qui doivent être respectées (heure maximale de sortie des poubelles, par exemple). Les activités sont ensuite réparties entre tous les membres de la famille, en fonction des contraintes de chacun (horaires de classe et de travail, activités sportives…). Un planning reprenant les tâches familiales, les contraintes associées et l’attribution selon les jours de la semaine est ensuite formalisé et affiché dans la maison, afin que chacun sache ce qu’il a à faire. Une fois la répartition établie, chaque membre de la famille est responsable de la réalisation de ses tâches.

Concernant la mise en œuvre, les principes restent les mêmes que pour la responsabilisation des plus jeunes. Les enfants décident quand et comment ils réalisent leurs tâches, à partir du moment où ils respectent les contraintes inhérentes à leur mission. Dit autrement, ils sont libres de s’organiser comme ils le souhaitent au sein du cadre qui aura été défini en amont. Les adultes jouent le rôle d’accompagnateur et ne surveillent pas en permanence si la tâche a été réalisée ou non par l’enfant. Le discours est orienté sur la prise de responsabilité individuelle au sein d’un collectif (“En le faisant tu participes à la vie familiale”), plutôt que sur la culpabilisation (“Tu as encore oublié de le faire”), l’infantilisation (“N’oublie pas de le faire”) ou l’obligation (“Tu dois le faire”).

Nous retrouvons donc dans la répartition des tâches les trois éléments inhérents à la responsabilisation des enfants : le périmètre identifié, la mission à accomplir et la liberté d’organisation. En outre, la répartition des tâches offre la possibilité aux enfants de déterminer les activités qu’ils vont prendre en charge, en collaboration avec leurs parents.

En s’appuyant sur les trois piliers cités précédemment et en mettant en œuvre ces outils adaptés, les parents peuvent donc favoriser la responsabilisation de leurs enfants, et ce dès le plus jeune âge. Cette initiation présente de nombreux avantages. Premièrement, les enfants vont acquérir des compétences indispensables dans leurs études et dans leur futur métier, quel que soit ce dernier. La responsabilisation facilite également la vie de famille, en évitant aux parents de demander tous les jours de mettre la table ou de vider le lave-vaisselle. Une fois les réflexes installés, ce mode de fonctionnement permet en effet que les choses se fassent d’elles-mêmes, sans heurt et sans cri. La responsabilisation invite enfin les parents à s’interroger sur leur posture, passant graduellement d’une figure d’autorité (qui dit quoi faire et comment le faire) à une posture d’accompagnement (qui aide l’enfant à faire seul).

Sources

(1) Étude Pôle emploi « Les compétences attendues par les employeurs », mars 2018, Les compétences attendues par les employeurs — Pôle emploi | pole-emploi.org

Par Mathilde Dégremont, Principal Square.

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