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Le Courrier Financier

– le 05 décembre 2022
Après la crise sanitaire, comment favoriser l’octroi de crédit ? La majorité des organismes de crédit ont opté pour la simplification des formulaires de demande de crédit. 
A la suite d’une crise sanitaire sans précédent, les organismes d’octroi de crédit se sont vu redoubler d’ingéniosité afin d’être sélectionnés par les clients souhaitant un service rapide et qualitatif malgré un environnement concurrentiel fort. Parmi les moyens mis en place, la simplification des formulaires de demande de crédit a été adoptée par la majorité des établissements. Mais comment conserver une bonne qualité de données et un bon niveau de sélection des clients dans un tel contexte ?

Priorités des organismes de crédit

« 100 % en ligne », « Réponse immédiate », « Parcours de souscription facile », les comparateurs de sites de crédits n’hésitent pas à mettre en avant la facilité actuelle à réaliser une demande de crédit, que ce soit parmi les plus grands organismes comme dans les plus petites structures.

Afin de relancer la dynamique essoufflée par la crise sanitaire, ces derniers n’ont pas hésité d’une part, à faire preuve de souplesse sur les critères d’octroi, et d’autre part, à alléger le parcours crédit afin de satisfaire l’utilisateur, en palliant les contraintes des demandes d’autrefois : remplissage fastidieux, justificatifs à délivrer, informations parfois complexes à trouver, etc. Une demande d’emprunt peut aujourd’hui s’effectuer en cinq à dix minutes, sans besoin d’ajout immédiat de pièces complémentaires, et dans certains cas avec une réponse instantanée.

L’ensemble de ces éléments se coordonnent et expliquent ainsi cette performance : même si certains champs restent obligatoires afin de respecter les lignes directrices de l’EBA, la réduction des règles du système expert (intelligence artificielle d’aide à la décision) permettra de diminuer le nombre de champs que le client ou le conseiller auront à compléter, et auquel cas accélérer le délai de réponse.

Vers des conséquences de grande ampleur ?

Cette stratégie s’avère payante : l’allègement de la démarche d’octroi a pour effet d’augmenter le nombre de souscriptions à un crédit, engendrant une hausse du taux d’acceptation et donc de la production associée. En témoignent d’ailleurs les chiffres de l’ASF : la production de crédit à la consommation au premier trimestre 2022 est en hausse de +8,8 % par rapport à 2021, hausse principalement portée par le prêt personnel et le crédit renouvelable.

Se pose ainsi la question de la pertinence de cette simplification et de son coût : une donnée de qualité étant à l’origine de la connaissance client, le manque d’informations peut avoir un impact négatif sur la maîtrise du risque de crédit. Un nombre insuffisant de variables pourrait rendre inefficace un calcul de score et permettre l’autorisation à tort d’un crédit à de mauvais payeurs ou à des fraudeurs.

Il est ainsi possible de craindre, par le jeu de la concurrence et d’objectifs commerciaux toujours plus importants, une potentielle baisse continue de l’exigence sur les critères d’octroi engendrant une possible dégradation globale de la qualité des portefeuilles clients et donc de la santé financière de ces créanciers. Cette situation, si particulière, n’est pourtant pas une première.

Conjointement avec la montée des taux, elle rappelle fortement la politique des banques américaines qui avaient revu à la baisse leurs critères d’octroi en amont de la crise des subprimes de 2007. Crise ayant contribué en partie, par effet domino, à dégrader la qualité des actifs immobiliers titrisés et accroître par conséquence la crise de liquidité aux lourdes conséquences sur l’économie réelle et boursière. Fort heureusement, des solutions existent pour amoindrir ces potentiels impacts sur le coût du risque et éviter de retomber dans ces travers non désirés.

Des outils pour favoriser l’octroi

Commençons par la fraude : afin de ne pas subir cette potentielle recrudescence d’entrée en relation frauduleuses, tout en conservant un parcours fluide et rapide pour le prospect, des outils d’océrisation sont de plus en plus fréquemment utilisés dans les organismes bancaires.

L’Optical Character Recognition (OCR) permet de détecter les informations importantes d’une image, et en ressortir une décision quant à la signification de celle-ci. Dans un cadre bancaire, l’OCR, tout comme la biométrie, serviront à contrôler les informations que le prospect aura indiqué sur le formulaire, au travers de son visage, son nom et son prénom.

Autre solution, l’amélioration du scoring : les techniques de scoring ont pu s’adapter aux avancées actuelles, et de fait avoir recours à l’intelligence artificielle (IA) et au machine learning afin d’augmenter la performance et la qualité des résultats des modèles. Ainsi, un nombre réduit de variables en entrées peut-il suffire à correctement segmenter une population, les variables manquantes pouvant être compensées par apprentissage sur des contrats auparavant rejetés ou acceptés.

Open Banking, une vision 360°

Outre les derniers éléments cités, l’Open Banking peut se montrer comme une solution de premier choix au sein du parcours d’octroi. L’Open Banking survient suite à la mise en place en 2019 de la Deuxième Directive sur les Services de Paiement (DSP2), imposant aux banques la création d’API afin d’exposer leurs systèmes à des acteurs tiers certifiés — entre autres des organismes bancaires.

Sous ses aspects de contraintes, la DSP2 est davantage perçue comme une opportunité, et ce à plusieurs niveaux : d’une part pour le consommateur qui, via l’intermédiaire de l’Open Banking, peut obtenir une vision consolidée de l’ensemble de ses comptes bancaires à l’aide d’un agrégateur ; et d’autre part les acteurs financiers pouvant désormais faire appel à des données extérieures afin d’enrichir la connaissance des prospects et de leurs clients — si toutefois le client consent à ouvrir ses données.

Outre le fait de prendre une décision plus rapide lors d’une demande de crédit, l’Open Banking permet de lutter contre la fraude — cohérence des données, sources des données bancaires et non papier, etc. — et le risque grâce aux données collectées par ailleurs. Il contribue aussi à proposer une offre la plus adaptée au profil du demandeur et à ses comportements d’achats. Il devient la solution nécessaire à l’optimisation temps/informations du parcours d’octroi.

Nous le savons, l’époque actuelle est à la réactivité et à la simplicité. La nécessité de limiter les risques est primordiale afin d’éviter toute aggravation aux conséquences potentiellement désastreuses et de s’appuyer sur les données clés relatives aux clients. Aussi, et pour réussir, il conviendra de s’armer des bons outils et de mettre en place les systèmes adaptés s’appuyant sur les données les plus fiables !

Par Emilien Jussiaume-Millet, Consultant Project Manager et Adrien Caiazzo, Project Manager Square Management.
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