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Finyear

– le 19 octobre 2022
La Blockchain est un sujet qui bénéficie de beaucoup de traction depuis le début de la crise COVID. Principalement utilisée pour les crypto-actifs, cette technologie à pourtant des domaines d’application bien plus étendus et pourrait devenir un élément central de notre quotidien dans un avenir proche.
Utiliser la blockchain dans les différents aspects du quotidien impliquerait de la lier à d’autres éléments afin de l’intégrer dans des processus existants déjà utilisés : le Software as a Service (SaaS) deviendrait BlockChain as a Service (BaaS), l’Internet of Things (IoT) deviendrait Blockchain of things (BoT) et les Smart contract based activities (SmBA) pourraient se développer. Il s’agit d’insérer la technologie là ou pour l’instant nous avons l’usage d’Internet. On parlerait alors pleinement de Web 3.0.

Qu’est-ce qu’un « Smart contract » ?

Le terme de smart contract (contrat intelligent ou auto-exécutant) n’est pas nouveau et apparaît pour la première fois au début des années 90 dans des travaux de cryptographie visant à retranscrire des mécaniques de marché complexes en opérations simples et automatisables.

Dès le préambule, il faut préciser que bien qu’il en porte le nom, à l’heure actuelle, le contrat intelligent n’est pas officiellement reconnu comme un « contrat » au sens juridique du terme. Certains juristes avancent notamment le fait que la nature impérative ou déclarative du langage informatique dans lequel est écrit le contrat à un impact sur la validité juridique de celui-ci tout comme sur son interprétation .
Le consensus est qu’on considère plutôt les contrats intelligents comme des solutions techniques pour automatiser les obligations de paiement par transfert. Dans la forme, le contrat intelligent est un code enregistré dans une Blockchain. Une analogie pertinente serait de le voir comme une formule conditionnelle ( si/alors/sinon). Si les conditions spécifiées du code sont remplies, alors il s’exécute.

A quoi ça sert ?

Le contrat intelligent n’existe que par l’intermédiaire d’une Blockchain, cependant nous utilisons aujourd’hui des technologies similaires tous les jours sans même y prêter attention. Les licences DRM [Digital Rights Management] qui nous permettent d’écouter de la musique en streaming sont un exemple de ce que le smart contract fait, mais nous n’allons pas les aborder ici.

Le contrat intelligent, par sa nature automatique, permet l’automatisation d’une obligation de paiement si les conditions spécifiées sont remplies. L’exécution du contrat est instantanée et permet de gagner du temps, cependant, les deux bénéfices majeurs de l’utilisation de ce type de contrats vont être d’une part leur nature immuable et d’autre part le fait qu’il n’y ait pas d’interprétation possible. En effet, une fois le contrat activé, il ne pourra jamais être altéré et son exécution ne pourra pas être empêchée. Il s’agit d’un code, immuable, qui ne peut pas être sujet à l’erreur d’interprétation et qui demeure accessible, lisible et visible par tous sur la Blockchain.

On comprend tout de suite qu’avec de telles conditions, l’erreur dans la rédaction du code ou des conditions pourrait s’avérer désastreuse. Cela dit, Il existe des moyens d’anticiper ce type de problèmes. En effet, de la même manière que l’on peut vérifier une formule dans un tableur Excel, on peut faire de même avec un contrat intelligent afin de garantir qu’il s’exécutera correctement. Enfin, si le contrat émis est tout de même erroné il suffit alors d’en émettre un nouveau en remplacement.

Comment ça marche ?

Dans les faits, le contrat intelligent fonctionnerait sur le modèle d’une bourse des emplois. Des offres seraient émises d’un côté, et des sollicitations seraient faites de l’autre. Lorsque les conditions des offres correspondent exactement à une demande, le contrat s’exécute et le transfert s’opère. Ainsi on peut aisément se projeter dans des applications pratiques plus ou moins complexes. Une compagnie d’assurance pourrait proposer des contrats sur la blockchain. Un fermier pourrait alors assurer sa production annuelle de maïs contre les intempéries ou la sécheresse. La compagnie d’assurance irait alors créer un contrat avec les conditions suivantes : versement d’une prime de 100 € par mois pendant 8 mois pour assurer une production de 100 tonnes de maïs contre la sécheresse. En cas de sécheresse (cas où la température dépasserait 35°C et ne descendrait pas en dessous de 30°C pendant 10jours consécutifs), le fermier se verrait verser un montant de 100 000 euros.

Pour rendre cet exemple possible, il faudrait un moyen de pouvoir intégrer dans la Blockchain l’information de la température et celle de la localisation du champ en question. Le smart contrat étant conscrit à la blockchain il ne peut donc pas intégrer des informations exogènes à la blockchain ; et développer une blockchain pour avoir l’information sur les températures ou bien sur le cadastre serait contre-productif. La solution à cette problématique existe déjà et s’appelle un Oracle. Il s’agit d’une source « digne de confiance » qui se place en intermédiaire entre la blockchain et l’extérieur. Il en existe trois grands types : les Oracles « Hardware » qui prennent leur information de capteurs qui sont dans le monde réel (sonde de température, de pression) ; les oracles « Software » qui remontent leur information d’internet (prix d’une action, nombres d’utilisateurs) ; les oracles « Humains » qui eux consolident les données humaines (metacritiques, avis de spécialistes, analyses).

Les contrats intelligents peuvent s’insérer dans les processus existants afin de faciliter des opérations du quotidien. Ils permettent de réaliser ces opérations sans intermédiaires, mais dans un environnement tout aussi sécurisé que ce qui est fait actuellement. La puissance de la technologie réside dans sa versatilité et dans les utilisations ayant des applications immédiates sans besoin de création de nouvelles infrastructure ou organes de contrôle.

Si la blockchain était un iceberg, le contrat intelligent en serait une partie qui est sous la surface de l’eau, un potentiel encore inexploité qui pourrait avoir un impact sur le quotidien aussi fort que celui qu’a eu la carte à puce. Son exploitation ouvrirait une porte et permettrait l’exploration d’alternatives concrètes aux modèles existants en apportant des solutions à des problèmes qui étaient inhérent au WeB 2.0 et à l’internet de la Copie, sous réserve que le pivot vers un modèle décentralisé serait accepté par les institutions centrales qui agissent en régulateurs.

Par Thibault Cardorelle, Consultant Senior Square Management.

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