Sélectionner une page

Le Revenu

– le 04 décembre 2021

Les médias parlent en permanence de l’extrême volatilité du bitcoin, fluctuant entre crash et nouveau record, ou encore de son acceptation, allant de son interdiction en Chine à sa légalisation au Salvador. Qu’en est-il réellement ? Quels en sont les enjeux ? Les réponses de Florian Renault, consultant senior chez Square.

La cryptomonnaie, c’est quoi ?

Si l’on oublie la vague médiatique et le vocabulaire opaque, la blockchain n’est qu’une grande base de données où tout est inscrit. Il s’agit d’un simple outil permettant de stocker et de transmettre de l’information, de façon transparente et décentralisée, dans le but de valider et sécuriser un échange de données.

Autrement dit, la blockchain est un transfert de propriété tracé par une piste d’audit dans un journal comptable, qui se trouve finalement être sans comptabilité. Ces règles du jeu sont immuables et inscrites dès la création.

Depuis l’apparition de cette technologie, d’innombrables cryptomonnaies ont vu le jour, apportant leur lot d’innovations, promettant des transferts toujours plus rapides, plus sécurisés et moins gourmands en énergie… Cependant, le roi Bitcoin reste le leader incontesté. Reste à savoir pour combien de temps.

La crainte des banques centrales

À ce jour, la blockchain est clivante : elle peut tout aussi bien être considérée comme fascinante ou dangereuse. Les grandes institutions internationales critiquent son utilisation, jusqu’à réfuter sa définition de monnaie. «Les cryptomonnaies ne sont pas des monnaies. Point final» a déclaré Christine Lagarde.

Or l’intérêt des banques centrales pour la technologie blockchain est bien réel. Chacune à leur tour, elles annoncent des projets définissant leurs monnaies numériques, comme le e‑Yuan en Chine, le MNBC en Europe ou le CBDC aux États-Unis. Créer leur propre monnaie leur permettrait une traçabilité absolue de chaque unité monétaire numérique. Ce contrôle total aurait pour effet de taxer chaque individu et de prévenir toute possibilité d’évasion fiscale. Les échanges monétaires jusqu’aux échanges intercontinentaux seraient instantanés, et de surcroît à un coût négligeable.

Par nature, une cryptomonnaie est définie par deux paramètres principaux : la masse monétaire totale et son volume d’émission dans le temps. Néanmoins, ce n’est pas encore le cas des projets des cryptos made in banques centrales. En effet, la cryptomonnaie des institutions est assimilable au «fiat», c’est-à-dire qu’elle représente une monnaie fiduciaire, comme le dollar ou l’euro.

Tout le système en est donc dénaturé : il s’agirait alors d’un simple tour de passe-passe intégrant une nouvelle technologie tout en omettant certains de ces paramètres pour prolonger une politique monétaire toujours plus accommodante.

L’injection de monnaie dans l’économie depuis 2008, et d’autant plus depuis la pandémie, interroge en termes d’impact sur l’inflation.

Une monnaie dont le nombre d’unités est connu à l’avance semble devenir, pour une part des crypto connaisseurs, un autre moyen de se couvrir contre l’inflation, en plus d’un pari sur la technologie, face à des marchés financiers allant de sommets en sommets. Certaines banques, fonds d’investissements ou même entreprises tels que GP Morgan, Deutsche Bank, Grayscale ou MicroStrategy proposent déjà cette nouvelle exposition.

Au-delà de la spéculation individuelle, une révolution dans tous les domaines d’activité

Une des utilisations de la blockchain est le Smart contract. C’est un contrat entre deux parties ou plus. Sa particularité est de se déclencher automatiquement à un événement prédéfini. Ces contrats renouvellent la façon dont on voit tous les services administratifs : que ce soit dans l’assurance, le transport, le commerce. Cet échange instantané fiabilise et sécurise toute transaction. Cette révolution tend à devenir incontournable pour l’économie telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Une autre utilisation, qui fait beaucoup parler en ce moment, concerne le NFT. Le NFT (Non Fongible Token) est un jeton non fongible intégré dans la blockchain représentant une propriété intellectuelle non divisible ou copiable. Ils apportent des solutions dans des domaines divers et singuliers : l’art, la musique, la littérature, les jeux vidéos, l’immobilier.

Les NFT bouleverseront ces secteurs, en luttant directement contre la contrefaçon de biens matériels ou sur la production artistique. Un exemple récent, Sorare a signé la plus grosse levée de fonds de l’histoire de la French Tech2.

Enfin, 2 milliards de personnes n’ont aujourd’hui pas accès à des services bancaires, mais ont un smartphone. C’est un nouveau monde qui s’offre à eux en simplifiant les échanges entre les personnes, les entreprises et leurs gouvernements. Le Salvador a d’ailleurs instauré le Bitcoin comme monnaie officielle, devenant pionnier en la matière. D’autres pays émergents d’Amérique du sud ou d’Afrique suivent le pas. Dans des pays où la monnaie est parfois dollarisée ou face à une dominance d’une autre monnaie, il leur est vital de gagner en autonomie.

Alors, faut-il se lancer ?

Avant tout, il faut comprendre cette technologie dans ses grandes visions et solutions. Il est essentiel de regarder l’utilité qu’annonce le projet et s’il tient ces promesses de développement. Il ne faut pas oublier qu’un grand nombre de projets échouent à prouver leurs capacités à concevoir ou même leurs utilités concrètes. Mais conservons à l’esprit que certains projets seront les nouveaux GAFAM de la cryptomonnaie.

Il y a déjà 300 millions de personnes dans le monde, dont la majorité depuis moins d’un an, ont fait le pari d’adopter la crypto. Cette technologie va bouleverser durablement notre monde. Tant en termes de facilité dans nos échanges de tous les jours, que de la confiance qu’apporte la décentralisation de la monnaie face à la nationalisation des monnaies utilisées comme arme économique.

Par Florian Renault, Consultant chez Square.
Share This