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RiskAssur

– le 24 février 2021

Principal investisseur institutionnel de l’UE avec plus 10 300 Mds € investis dans l’économie en 2018, le marché de l’assurance fait face à des difficultés laissant présager des changements profonds dans le secteur. Entre crise de confiance dans la relation assureur-assuré, hausses tarifaires, émergence de nouveaux risques systémiques, et frilosité accrue sur certains risques, le marché de l’assurance fait-il face à une nouvelle crise ?

Le défi de l’assurabilité des nouveaux risques

Pandémie mondiale de COVID19, explosion de fréquence et sévérité des événements climatiques, prolifération de la menace cyber, sont les nouveaux défis auxquels sont confrontés les porteurs de risques. Ces risques ne sont en réalité pas nouveaux par nature, mais davantage par leur ampleur et leur impact. Cet impact nouveau met les (ré)assureurs au défi de leur assurabilité, dans la mesure où les méthodes de gestion des risques traditionnelles, basées sur la mutualisation, démontrent leurs limites face à ces nouveaux risques.
L’obsolescence constatée du principe de mutualisation s’explique par la vitesse de prolifération de ces risques, d’une part, et d’autre part par l’incapacité des porteurs de risque à mettre en place des moyens de prévention et protection efficients. En effet, à l’instar de la pandémie de COVID19, de la recrudescence des événements climatiques désastreux ou encore de l’explosion des actes de malveillance informatique , les (ré)assureurs ne disposent – en l’état – pas de leviers leur permettant de circonscrire l’évolution et l’impact du risque.

Dès lors, en bon gestionnaire de risques, les assureurs opèrent un redressement des règles de souscription ; cela passe par une rigueur accrue dans la sélection et l’étude des risques, la hausse substantielle du montant des cotisations/primes, le relèvement des franchises contractuelles, et de nouvelles contraintes imposées aux partenaires lors des renouvellements.
Ces nouveaux éléments se traduisent par une réduction des capacités délivrées par assureurs et réassureurs. Car en effet, le durcissement des conditions d’acceptation des risques entre assuré-assureurs n’est que la résultante du durcissement des conditions de transfert de risques entre assureurs-réassureurs.

Le début d’une crise capacitaire ?

Fin septembre 2020, l’AMRAE publie un rapport intitulé « Etat du marché & perspectives 2021 ». De ce rapport découlent 2 observations : réduction de la capacité offerte par les (ré)assureurs, relèvement tarifaire sur une majorité de risques.
Le mouvement de retrait capacitaire est constaté notamment sur les risques pertes d’exploitation, évènements naturels ou encore cyber. La crise COVID19 a pour effet d’accentuer un mouvement de retrait qui lui est antérieur. Les raisons de ce trait sont plurielles : détérioration de la qualité technique des risques (explosion de la sévérité et de la fréquence des sinistres), réduction des marges sur les marchés financiers, ou encore frilosité accrue des réassureurs (durcissement des conditions d’acceptation des risques en réassurance et exclusion de certains risques comme la pandémie).
De plus, on observe sur le marché un conservatisme des acteurs historiques sur les risques traditionnels (Auto, MRH, risques d’entreprises), sur lesquels ils ont un historique de données et une bonne maitrise. Les nouveaux risques sont davantage plébiscités par les nouveaux acteurs, ambitieux et en quête de parts de marché.
En l’absence de crise, le porteur de risques efficient est celui qui gère, anticipe et traverse les cycles en cédant son risque au bon moment, en gérant sa capacité sur le marché et en optimisant sa politique de réassurance.

Mais alors, le marché de l’assurance est-il en crise ?

Les éléments susmentionnés dressent un constat assez pessimiste. Mais peut-on parler de crise ? Ou assistons-nous au basculement vers un nouveau cycle ?
La seconde interrogation semble la plus pertinente. Comme tout secteur économique, l’assurance fonctionne par cycles. Les acteurs ajustent leur positionnement en fonction d’évènements externes (comme la crise de COVID19) ou internes (comme la faillite d’un acteur) venant perturber le marché. Le rapport de l’AMRAE semble partager ce postulat, énonçant dans son propos introductif qu’« il aura fallu près de 20 ans pour observer sur le marché français de l’assurance le retournement, tant attendu des assureurs, tant appréhendé des assurés ». Les signes annonciateurs de ce nouveau cycle sont nombreux :

  • Amélioration ou détérioration de la qualité technique des risques (nouveaux risques systémiques, évolution de la sévérité et de la fréquence des risques cyber et événements climatiques/naturels, déficit d’informations sur les caractéristiques des nouveaux risques) ;
  • Raréfaction de la capacité offerte par les porteurs de risque avec pour corollaire l’augmentation des primes d’assurance et des prix de transfert en réassurance ;
  • Baisse de la rentabilité des placements.

Il apparait que nous assistons aux prémices de ce qui semble être un nouveau cycle, voire une transformation profonde du secteur. L’essor de nouveaux risques, couplée à l’arrivée de nouveaux acteurs à la pointe du digital et de nouvelles méthodes de travail agiles tendra à redistribuer les cartes. Aujourd’hui, audace et capacité à anticiper les prochains mouvements sur le marché sont les éléments qui, demain, feront émerger les leaders.

Par Appolinaire Tena, consultant chez Square.
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