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Environnement Magazine

– le 02 Octobre 2023

Dans cette tribune, François Moreau, consultant senior au sein de Square Management, défend un recours à la finance pour poursuivre une croissance dite verte. 

Plus de trente ans après la signature de la Convention climat à Rio et le premier rapport du GIEC annonçant une hausse inévitable des températures, les enjeux restent de taille et le modèle économique des pays occidentaux est mis en cause. Il est désormais nécessaire de trouver un juste équilibre entre objectifs économiques et réponse durable.

Une branche de la finance durable génératrice d’impacts mesurables pour la société

Selon l’Institut de la Finance Durable, la finance à impact se définie comme « une stratégie d’investissement ou de financement qui vise à accélérer la transformation juste et durable de l’économie réelle, en apportant une preuve de ses effets bénéfiques ». La croissance verte quant à elle est définie par l’OCDE comme le principe de « favoriser la croissance économique et le développement, tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de fournir les ressources et les services environnementaux sur lesquels repose notre bien-être ».

A travers la stratégie de la finance à impact, la performance écologique et sociale est exposée afin d’adresser et maîtriser les externalités négatives. C’est cette notion d’« impact » qui porte tout son sens dans la contribution à la croissance verte : qu’il soit négatif ou positif, toute entreprise à un effet sur l’économie, l’environnement et les populations. L’essence même de la finance à impact est donc d’exclure l’ensemble des secteurs et entreprises qui peuvent avoir des effets négatifs sur la société et l’environnement dans sa globalité, tout en privilégiant des secteurs comme l’énergie, la santé, l’agriculture ou l’éducation.

Une philosophie qui évalue des résultats concrets plutôt que des critères ESG

Le marché de la finance à impact est encore relativement jeune en France : selon l’Association Française de la Gestion financière l’encours des fonds à impact représentait en 2021 seulement 3 % de l’encours responsable. Bien qu’elle soit à distinguer de l’investissement socialement responsable, la finance à impact n’est en réalité qu’une des composantes de ce dernier. Si l’ISR est un terme générique qui fait référence à une large gamme de pratiques d’investissements, le principe qui guide la plupart d’entre elles est la sélection  d’entreprises les plus responsables en termes de critères ESG et ayant pour objectif de limiter leurs externalités négatives pour l’ensemble de la société ; la finance à impact va beaucoup plus loin en intégrant la notion d’« impact positif » mesurable (limiter le réchauffement climatique ou préserver la biodiversité par exemple). En bref, alors que l’ISR se focalise sur des stratégies d’exclusions ou des approches « best », les stratégies de la finance à impact se définissent comme actives et dont le but est la recherche d’un retour extra-financier fort tout en reposant sur trois piliers clés : l’intentionnalité, l’additionnalité et la mesurabilité.

Additionnalité et mesurabilité : des piliers à standardiser

Comme tout marché jeune, la finance à impact doit faire ses preuves et mérite une attention particulière afin d’en exploiter son potentiel au maximum. La définition conceptuelle partagée par l’IFD a été largement adoptée mais il subsiste des divergences en termes d’approches et de méthodologies utilisées par les sociétés de gestion : le principe d’intentionnalité semble maîtrisé mais les piliers d’additionnalité et de mesurabilité nécessitent un socle commun universel. Etroitement liés l’un à l’autre, ces deux piliers s’inscrivent notamment dans le cadre dit de la « Théorie du Changement » qui consiste en la définition d’une stratégie de planification d’actions reliées par une chaîne causale depuis la décision initiale de l’acteur financier jusqu’à l’impact pour le bénéficiaire final. C’est par conséquent dans la stratégie d’impact, son efficacité et la mesure des résultats que réside le défi à relever afin de trouver une homogénéisation des pratiques pour générer de l’impact et le quantifier.

En particulier, la mesure des résultats (et donc in fine de l’impact) se révèle être l’un des sujets majeurs à aborder pour favoriser un consensus. La récolte de données fiables représente un coût élevé et reste sujet à un manque de normes internationales précises et harmonisées. De plus, il y a une absence d’indicateurs et de référentiels communs alors même que l’évaluation de la performance est primordiale dans l’objectif de rendre l’impact tangible. Ces défis sont d’autant plus importants qu’il subsiste un manque de transparence entre les différents acteurs : la nécessité de standardisation et d’encadrement des reportings est donc un enjeu clé.

Un marché en plein essor potentiellement sujet à l’émergence d’« impact washing »

Mobilisée dans un premier temps dans le cadre des politiques publiques, la notion d’impact se veut désormais liée à un effort global qui se base sur des objectifs systémiques, des cibles chiffrés et des horizons de temps définis. Cette transition vers une croissance verte ne peut être assurée que par l’alignement des intérêts de la société dans son ensemble : entreprises, acteurs politiques, civils et financiers. La finance à impact s’avère être une opportunité de taille et la place financière parisienne se veut pionnière sur ce sujet qui rencontre un réel engouement. Cependant, afin de se protéger d’un éventuel « impact washing », il est absolument nécessaire que cette ambition soit corrélée à une transparence accrue de la part de l’investisseur dans ses choix, ses méthodologies et sa stratégie.

Par François Moreau​, Consultant chez Square Management.

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