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Focus RH

– le 22 mars 2024

Si la RSE prend une place de plus en plus importante dans la gestion des entreprises, plusieurs questions peinent à trouver une réponse : quelles actions initier pour répondre à l’ampleur des ambitions ? Dans quel ordre les lancer ? Comment éviter l’effet de découragement (puisque l’on s’attend à des bénéfices à moyen/long terme alors que des investissements significatifs doivent être entrepris dès aujourd’hui) ?

L’agilité apporte des réponses intéressantes aux entreprises souhaitant booster leur stratégie RSE pour les aider à relever ces défis : outils, état d’esprit, cadre de travail… Elle peut s’appliquer aussi bien à l’échelle de l’organisation qu’à celle d’une équipe et elle peut être déployée tant dans le développement des SI que du côté Métier.

Engager les collaborateurs

Les collaborateurs sont aujourd’hui peu impliqués dans la définition des stratégies RSE comme dans leur opérationnalisation. Selon le Baromètre RSE 2022 de Vendredi, plus d’une entreprise sur trois estiment que ses équipes sont assez peu engagées dans la démarche RSE (entre 5 et 25 % des effectifs) et 22 % affirment même que moins de 5 % de leurs salariés sont impliqués. Les collaborateurs ne sont pas toujours au courant de la stratégie RSE de leur entreprise et, a fortiori, ne se sentent pas bien informés sur l’impact de leur métier sur les questions écologiques et environnementales. Ils ne se sentent pas aptes à faire face aux enjeux et changements qui se profilent pour leur activité.

Il est pourtant clé de les embarquer au vu de l’ampleur des changements qui s’annoncent, tant concernant les modalités et l’organisation de leur travail que le contenu de leurs activités quotidiennes. C’est là que l’adoption des méthodes agiles peut être une solution. Prônant une organisation et une culture du bottom up, encourageant la co-construction et la prise d’initiatives par les collaborateurs et l’inclusion des utilisateurs finaux dès le lancement d’un projet, l’adoption des méthodes agiles permet de renforcer l’implication et l’engagement des collaborateurs.

De plus, l’agilité permet de faire « descendre » la RSE sur le terrain. Les frameworks proposent aux équipes un cadre pour inscrire les chantiers RSE dans un backlog et les découper en actions à réaliser sur des itérations courtes. Il est plus facile pour les collaborateurs de s’approprier des petites actions (sous forme de Features ou User stories dans l’univers SI) que des gros chantiers ou intentions stratégiques. Cela devient plus tangible.

Créer une dynamique de résultats en priorisant par la valeur

La RSE est composée de chantiers nombreux et sur des sujets très variés, ce qui les rend difficilement comparables, même une fois découpés. On se retrouve vite devant la question : par où commencer ? Est-il plus urgent de limiter ses déchets, revoir sa politique d’achat ou d’améliorer son inclusion ? L’agilité propose de prioriser en estimant la valeur apportée par chaque action.

La notion de valeur a évolué ces dernières années et inclut des aspects environnementaux ou sociaux au-delà de l’intérêt économique, plus habituellement utilisé. L’Agilité facilite la prise en compte de ces nouveaux critères dès la conception des produits et services et au quotidien dans les pratiques des équipes, sous couvert de quelques adaptations des frameworks existants. Il est possible par exemple de repenser les outils de priorisation du backlog : à l’instar du WSJF (Weighted Shortest Job First — on priorise les travaux apportant le plus de valeur au regard de la quantité de travail nécessaire) en ajoutant une “Valeur Sociale” en plus de la “Business value” dans la formule. Le cadre de travail et les outils aideront l’entreprise à combiner les différents facteurs de valeur et voir quelles actions apportent le plus à un instant donné en fonction du contexte, de son bilan carbone, de son business model, de sa culture d’entreprise

Le découpage en features ou actions à réaliser sur des itérations courtes amène également à voir des premiers résultats à plus court terme (l’agilité est adoptée par beaucoup d’entreprises pour améliorer le time to market). Cela permet de créer une dynamique positive et un élan collectif face à des sujets de très grande ampleur. Ce découpage laisse également de la place à la phase d’apprentissage et d’exploration dans laquelle sont un certain nombre d’initiatives RSE. Deux bénéfices qui peuvent par exemple être utiles dans les banques, qui se posent encore beaucoup de questions sur la façon dont atteindre leurs objectifs de réduction des émissions qu’elles financent, avec en point de mire le “Net Zero” de 2050.

La transformation dans laquelle les entreprises s’engagent via leur stratégie RSE implique de changer leur Business model, leur culture et leurs paradigmes. Cela ne se fera pas sans engager les collaborateurs et mettre en mouvement le collectif. Quel que soit le secteur d’activité, l’Agilité “engagée” est un levier dont les entreprises auraient tort de se passer pour répondre à ces défis.

Par Laura Zuluaga, Consultante Sénior et Claire Bocktaels, Sénior Manager chez Square Management.

 
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