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MoneyVox

– le 01 décembre 2021

Les néobanques franchissent une nouvelle étape. Pour tirer leur épingle du jeu, elles ciblent de nouveaux segments, notamment en élargissant leurs gammes de produits. Mais attention aux risques.
L’année 2021 marque une nouvelle étape dans les levées de fonds records menées par les néobanques. Après Revolut avec 800 millions d’euros levés cet été, N26 vient d’annoncer au mois d’octobre une levée d’un montant historique de plus de 900 millions de dollars. La capitalisation boursière de la première atteint 33 milliards d’euros, et la place désormais devant des banques institutionnelles comme la Société Générale, valorisée à 21 milliards d’euros.

Face à cette envolée vertigineuse, de nombreux experts s’interrogent sur l’avenir de ces fintechs à la croissance exponentielle, mais souvent peu rentables. A l’origine, ces prestataires de services ciblent une population jeune, en demande de services bancaires simples, accessibles « du bout des doigts » et à moindre coût. Pour trouver de nouveaux relais de croissance, les fintechs et néo-banques doivent faire preuve d’inventivité pour repenser leurs offres et être en mesure de s’adresser à une clientèle plus large.

Une palette de produits financiers élargie

Pour tirer leur épingle du jeu, il devient indispensable pour les banques mobiles et fintechs, de cibler de nouveaux segments, notamment en élargissant leurs gammes de produits. Depuis 2020, N26 cherche à servir des clients visiblement plus aisés et en demande de produits diversifiés, avec le lancement de ses offres N26 Smart (offre intermédiaire avec de nombreux services supplémentaires) et N26Assurance (offre d’assurance à la demande). En juin 2021, la néobanque annonce qu’un nouveau client sur deux opte pour une offre payante depuis le début de l’année, véritable révolution pour une fintech qui avait séduit ses premiers clients avec ses comptes gratuits.

Alors que l’accès aux banques mobiles est d’abord pensé pour les jeunes, d’autres tentent visiblement de séduire un public plus âgé et moins familiarisé avec le digital : c’est le cas de Bunq qui vient de signer un partenariat avec PaySafe pour faciliter le dépôt d’espèces sur son compte mobile. La néobanque hollandaise affirme ainsi sa volonté d’atteindre une clientèle plus senior, préférant utiliser l’argent liquide. De son côté, Revolut vise une cible de clients experts et s’est associée avec Elliptic, un éditeur de logiciels de vérification de conformité pour la blockchain, afin d’offrir à ses clients Revolut Metal la possibilité de retirer ou transférer des cryptomonnaies.

En élargissant leur gamme de produits financiers, les fintechs et néobanques ont su trouver de nouveaux leviers de rentabilité, notamment en proposant des services complémentaires payants. Pour continuer d’enrichir leurs offres, certains acteurs financiers vont même jusqu’à dépasser la simple expérience bancaire en imaginant des parcours 360°, incluant des services extra financiers.

Une expérience complète qui dépasse la simple gestion des finances

Outre les nouveaux produits financiers, ce sont également les services annexes qui font la différence. Tout d’abord, la qualité et la disponibilité du service client deviennent des atouts indispensables dans un parcours digitalisé. N26 se targue de proposer une assistance client en 5 langues, 7 jours sur 7, inclus dans chaque abonnement premium. Par ailleurs, il n’est plus seulement question de permettre aux clients de mieux gérer ou placer leur argent, il s’agit également d’être au plus près d’eux dans leur vie quotidienne et de répondre à des besoins de rapidité, d’efficacité et de rationalisation du temps.

De nouvelles fonctionnalités apparaissent : le suivi des abonnements, le partage des additions et cagnottes, ou encore les remises partenaires dans une multitude de secteurs : la beauté, le tourisme, le sport et bien d’autres. Déjà populaires aux Etats-Unis, les mécanismes de remises et cashback se développent également en France et font partie intégrante des offres des néobanques N26 et Revolut mais aussi de banque mobile telle que Ma French Bank, filiale de la Banque Postale.

Enfin, en septembre 2021, Revolut affirme son orientation vers une application totalement intégrée ou « super-app » en lançant Stays, sa nouvelle plateforme de réservations de logements de vacances accessible directement depuis l’application bancaire. Si la croissance des néobanques et banques mobiles ne fait aucun doute, il est très probable que le paysage se modifie dans les années qui viennent.

Pour s’imposer durablement et atteindre la rentabilité, il faudra continuer à se réinventer, élargir sa cible, diversifier ses gammes de produits et services en s’appuyant fortement sur l’innovation. Par ailleurs, dans la course à la diversification, il ne faudra pas négliger les différents impacts sur la cohérence et la simplicité des parcours. Le risque de complexification de l’expérience est notamment à prendre au sérieux, sur des solutions qui viendront servir des profils de clients bien différents, tant du point de vue de l’âge, que de l’expertise ou du niveau de vie. Enfin, si les néobanques attirent l’œil de clients toujours plus nombreux, elles ont également retenu l’attention des régulateurs. En juin dernier, N26 s’est vu infligé une amende de 4,25 millions d’euros pour des failles dans son dispositif de prévention du blanchiment d’argent. Pour toutes, les enjeux autour de la conformité seront de taille.

Par Jennifer Habbouba Attal, Project Manager chez Square.
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