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Journal du Net

– le 31 juillet 2020

Dans tous les secteurs d’activités, l’innovation digitale présente un avantage concurrentiel indispensable pour rester compétitif et se démarquer sur son marché. Le processus d’innovation résulte d’une amélioration continue et ne se limite pas aux seuls produits et services qu’une entreprise propose à ses clients.
Si une entreprise digitalise l’expérience de ses clients, alors la logique voudrait que l’ensemble de ses collaborateurs utilisent des applications ergonomiques et des processus automatisés, générant un niveau d’expérience digitale semblable. Cette approche implique à la fois de disposer de bons outils technologiques, mais surtout d’accorder une place primordiale à l’humain.

Il est pour cela indispensable d’intégrer dans cette démarche l’acculturation au digital des collaborateurs et de disposer d’une organisation efficiente. L’acculturation digitale et la conduite du changement sont-ils les facteurs clés de succès d’une transformation digitale réussie ?

L’implication des collaborateurs dans la transformation digitale

Selon une étude Beeshake sur la motivation des collaborateurs (mars 2019), « 98% des collaborateurs pensent qu’il est essentiel d’être acculturés au digital. Et 40% des collaborateurs voient la formation comme la meilleure manière de diffuser une culture digitale ».

La notion d’acculturation au digital est évoquée comme le processus d’assimilation de la culture digitale pour les collaborateurs et en faveur de la stratégie d’entreprise. Elle implique à la fois une dimension de contenu, l’expertise digitale sur laquelle le collaborateur doit monter en compétences et de contenant, la structure et l’organisation de travail. Conscientes de ces enjeux, petites et grandes entreprises doivent adapter leur organisation, l’intégrer de façon continue et créer un environnement propice à l’innovation dans leurs activités.

Pour ce faire, elles ont recours à la formation continue, à des ateliers de formation dispensés par les sachants de l’entreprise, aux différentes méthodes de collaboration (inspirées des modèles de start-ups reconnues) telles que le Design Thinking, la business agility ou encore le Lean start-up qui visent à optimiser la collaboration et le partage de connaissances. L’environnement de travail laisse apparaître des lieux dédiés à l’acculturation, où des outils innovants sont à la disposition des collaborateurs pour découvrir, tester et s’imprégner de ces nouvelles technologies. La tendance est également de promouvoir l’intrapreneuriat dont la participation reste à l’initiative du salarié ou encore la création de Lab d’innovation dont l’objectif est de mobiliser les meilleurs talents pour favoriser la réflexion et la génération de nouvelles idées. Autant d’évolutions qui nécessitent l’adhérence à cette nouvelle culture digitale et la pleine implication des collaborateurs afin de permettre à l’entreprise de mieux s’adapter au changement et être réactif face aux innovations du marché.

L’enjeu est plus important encore pour les grandes entreprises traditionnelles dont l’organisation verticale est généralement procédurière, silotée et composée de collaborateurs intergénérationnels. Elles peuvent dans ce cas, faire face à des réticences, souvent par méconnaissance et se doivent d’embarquer l’ensemble des équipes dans cette transformation, sans créer de fossé. L’objectif est de lever les craintes, les fédérer autour d’une vision commune pour qu’ils se sentent intégrés dans l’écosystème, sans en être des experts.

A l’exemple du groupe BPCE qui en prenant ce virage digital, a compris l’importance d’embarquer ses collaborateurs dans sa transformation digitale. Le Groupe a entrepris ce processus de transformation en considérant ses collaborateurs comme ses clients. Leur satisfaction importe autant que la satisfaction client et leur implication est au cœur du processus de digitalisation. La mise en place d’un accompagnement à long terme a démarré par leur montée en compétences sur les nouvelles méthodes collaboratives, les nouveaux outils technologiques et un réel changement de leur environnement de travail. Le groupe a également mis en place des événements récurrents tels que le « Digital Networking » ou encore le « Bus Digital » qui ont pour objectif d’échanger, informer et former les collaborateurs aux nouveaux outils, applications ou innovations technologiques du groupe. Par ailleurs et dans l’optique d’une amélioration continue, la satisfaction collaborateur est mesurée, pour lever les irritants et optimiser les processus internes.

Une transformation qui s’opère à tous les niveaux de l’entreprise

Au-delà du contenu même de l’expertise digitale, avec laquelle les collaborateurs doivent se familiariser et monter en compétences, c’est avant tout un véritable changement culturel pour l’entreprise, qui nécessite un accompagnement à long terme. Cette transformation s’opère à tous les niveaux et sonne la fin des schémas d’organisations verticales. Abolir les silos, souvent existants dans les grandes entreprises et PME pour optimiser la collaboration et encourager la créativité des équipes.

Dans ce cadre, les métiers et rôles de chacun évoluent, les attentes et objectifs également. Les « softs skills » sont priorisées aux « hards skills » laissant émerger une revalorisation du savoir-être face au savoir-faire rendant les compétences cognitives essentielles. En effet on attend du collaborateur qu’il puisse s’adapter et être pluridisciplinaire. Quant au manager, son rôle s’apparente davantage à celui d’un coach, que d’un supérieur hiérarchique au sens propre du terme. Il saura tirer le meilleur de ses équipes, les stimuler pour ressortir leur créativité et les écouter.

Une acculturation au digital réussie entraînera la satisfaction des collaborateurs et permettra à l’entreprise de garder motivés ses talents, d’en attirer de nouveaux et de limiter le phénomène de désengagement, qui ralentit la productivité. Il est par ailleurs prouvé que la bonne coopération des membres d’une organisation est l’un des socles de son succès. L’enjeu est donc de stimuler la motivation, le partage et la créativité des collaborateurs pour optimiser l’excellence opérationnelle. Continuer de se réinventer pour rester dans la course à l’innovation face à de nouveaux acteurs toujours plus agiles et créatifs.

Par Wendy Donet, consultante chez Square.
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